Lycée André MalrauxBiarritz |
Historique
La création du Lycée de Biarritz a germé en 1937 dans la tête de quelques professeurs, de parents d'élèves et de la Municipalité de Biarritz: dans cette période de récession économique, ils ne manquaient ni d'audace ni d'imagination.
Leur but était de rapprocher les professeurs de leurs élèves, d'éviter à ces derniers des trajets biquotidiens en tramway entre Biarritz et Bayonne et d'en faire accéder le plus grand nombre au baccalauréat.
Séduit, le Proviseur du Lycée de Bayonne, Monsieur Berrin, recueillit l'avis favorable du Recteur et la Municipalité de Ferdinand Hirigoyen se mit en quête de locaux pour héberger la première sixième. Á leur demande, Monsieur Marcel Capdeville, accepta d'accueillir cette classe à Jules Ferry, dans les locaux de l'École Primaire Supérieure dont il était Directeur. Autre innovation de taille, qui, à l'époque, allait à l'encontre de nombreux préjugés, cette annexe à Biarritz du Lycée de Bayonne serait mixte. Scandale pour les uns, progrès salutaire pour les autres: la querelle est aujourd'hui obsolète
Le succès dépassa l'espérance de ses promoteurs: 54 élèves, garçons et filles, reçus au concours d'entrée en sixième, s'étaient inscrits au nouveau Lycée. Ainsi est né le Lycée mixte de Biarritz, enfant naturel du Lycée de Bayonne et de la Municipalité de Biarritz.
L'année suivante (1938/39), la cinquième s'installa à la villa Les Cyclamens, avenue Carnot, puis en 1940/41, les classes de quatrième et troisième à la villa Sapieha, avenue de la Marne. L'afflux d'élèves réfugiés ou dont les parents possédaient une résidence secondaire à Biarritz fit ensuite créer rapidement les classes de seconde et première à La Rochefoucauld. Le lycée nomade, dispersé dans Biarritz, devait encore rester plusieurs années sans classe de terminale. La Ville qui avait réquisitionné pendant l'Occupation le groupe des villas La Rochefoucauld, Banuelos et Alcedo s'appliqua désormais à pérenniser ce site pour y construire, quelques années plus tard, le lycée pavillonnaire de plein exercice que nous connaissons.
Ces années qui ont suivi la Libération ont vu notre Lycée inaugurer une pédagogie nouvelle: dans le premier cycle, des méthodes actives, initiées par Madame Gisèle Delannoy, ont vu le jour et donné son caractère de Lycée Expérimental à cet établissement rattaché au Centre International d'Etudes Pédagogiques de Sèvres; dans ces classes baptisées "nouvelles" puis "pilotes", l'étude du milieu, la recherche et la critique de documents, la coordination dans l'enseignement de certaines matières, l'introduction de l'audiovisuel, aujourd'hui banales, étaient proposées à des élèves passionnés. Des professeurs, venus de l'étranger, venaient s'informer et se former à Biarritz.
Tous ceux qui ont vécu la genèse et la croissance du Lycée mixte de Biarritz, devenu aujourd'hui le Collège Jean Rostand et le Lycée André Malraux, gardent le souvenir d'une jeunesse studieuse et heureuse, dans un établissement intégré à la ville et doté d'enseignants novateurs et motivés: les noms de Roland Barthes et de Jean Delannoy, pour ne citer que deux maîtres trop tôt disparus, sont pour leurs anciens élèves synonymes d'initiation aux délices enchantées de la littérature.
Vivre son adolescence à Biarritz entre le lycée et la plage est un privilège inouï que nous gardons jalousement.
Charles Dumora